Etes-vous comme moi? Que faites-vous en dernier au coucher et en premier au réveil? Si vous êtes comme moi alors c'est votre smartphone, tablette ou laptop qui a l'exclusivité de ces moments!

En l'espace de deux dizaines d'années l'humanité - toujours en errance spirituelle - a trouvé le moyen d'éluder les questions existentielles et les véritables chemins de concentration et de méditation qui mènent à la lumière et au succès, par le divertissement continu. Panem et circenses (du pain et des jeux) disait la Rome Antique pour résumer ce qu'il faut à une population reconnaissante envers ses dirigeants; faire l'autruche le ventre plein garantit une certaine paix...

Qu'en est-il de nos jours?

Avec l'avènement de l'Internet et surtout des réseaux sociaux, le tout dans la poche grâce aux smartphones, la véritable connaissance et le divertissement se trouvent entremêlés dans une diffusion confuse. Loin de moi l'idée ici de remettre en question l'existence de ce formidable réseau libre et des moyens de le consulter, je l'utilise moi-même depuis si longtemps pour rendre accessibles mes réflexions. Il est plutôt question de chacun de nous face à cette foule d'informations, de notre faculté de dosage, de filtrage, de sens critique. 

Pour les adultes qui ont traversé la transformation du monde de l'information par étapes, il semble que la retenue soit plus aisée, que le sens critique a bénéficié de plus de temps pour s'affirmer. Certain(e)s continuent hermétiquement de se fermer aux nouvelles technologies, alors que d'autres plus jeunes font le choix de ne pas en être, un choix radical malgré tout. Mais dans l'ensemble avoir vécu par étapes "l'internet-isation" de l'humanité a permis des questionnements un peu plus étalés, des positionnements quant au dosage de l'usage des réseaux. Consulter son mobile à table doit avoir ses justes raisons, car en ces moments d'échanges et de partage il apparaît de plus en plus comme un manque d'éducation et de savoir-vivre. Les us et coutumes s'installent plus lentement que l'accès aux nouvelles technologies, et trop souvent on se sent démuni quand on les appréhende.

Ce qui m'importe, au-delà des meilleures convenances sociales, c'est le sort de la génération Z, celle née entre 1997 et 2010. Elle est "tombée dedans", équipée d'écrans et d'accès en continu, elle en connaît l'usage parfois plus rapidement que les parents. Et dans l'Internet, comme dans la vie, chaque génération s'affirme par le changement, par une sorte de contre-réaction aux générations antérieures. Le foisonnement des réseaux sociaux répond à la diversité sociale mais connaît déjà le rejet des plus jeunes, plus sélectifs, exclusifs, ne voulant pas s'afficher avec leurs parents, et optant progressivement pour des plateformes inédites et à la mode. A l'image de l'humain moderne, le monde virtuel évolue par générations, mais seule la génération Z en est native à ce jour. 
Connectés en permanence depuis leur tendre enfance, jeunes et souvent naïfs, ils ont pris l'habitude d'emmagasiner divertissement et connaissance par les mêmes biais, sans forcément appliquer le filtre nécessaire au meilleur traitement pour leur structuration personnelle. Consulter les publications de l'entourage entremêle des informations parfois erronées ou malveillantes qu'il est souvent plus facile de relayer que de vérifier; regarder des vidéos de youtubeurs avides de liens tient plus d'un bon divertissement que d'un apport intéressant de connaissance; regarder des séries à la demande prend un temps précieux qui n'enrichit pas ou peu l'esprit, mais le divertit. Les exemples ne manquent pas, à ma connaissance il n'y a jamais eu autant de possibilités de se divertir que ces 20 dernières années, et ce n'est que le début!

Le divertissement, un mal?
Si bien dosé, certainement pas! En effet l'humain a besoin à doses modérées de travail et d'oisiveté, le divertissement se plaçant dans les temps nécessaires d'oisiveté. A ne pas confondre avec le repos, l'oisiveté est le temps que l'on consacre à la détente, aux activités divertissantes et agréables, dans un rythme au ralenti et à contre-courant de nos activités productives: lire, regarder un film, écrire, dessiner, écouter de la musique, regarder la nature, le ciel, penser à ses aimés, partager avec ses amis, etc. Le repos quant à lui n'est qu'un temps nécessaire de sommeil réparateur ou de relâchement physique et mental (on se repose peu en enchaînant 4 ou 5 épisodes de série TV...). C'est le dosage bien géré qui pérennise l'équilibre dans l'être; trop de l'un ou de l'autre peut mener à des formes de dépendances, puis au déséquilibre et à l'affaiblissement, sans parler des conséquences sur la vie sociale.

Dans nos contrées connectées, l'accès permanent au divertissement a bousculé notre rythme de vie, en tout cas suffisamment pour impacter la première génération. En ligne, avec un écran pour les yeux et souvent des écouteurs pour les oreilles, le nouvel humain occupe son esprit en permanence, avide d'informations et de divertissement, le plus souvent isolé de son environnement immédiat. De ce fait peu de temps est consacré à l'introspection et à la méditation, également nécessaires à l'élévation de conscience. Si l'esprit ne peut avoir le calme nécessaire, comment peut-il "processer" l'énorme flot d'informations emmagasinées en si peu de temps? Et comment se faire une juste mesure du monde réel qui nous entoure si nous restons rivés sur nos écrans? De nouveaux ingrédients se sont progressivement intégrés dans nos habitudes et rendent le sommeil difficile...

Une vingtaine de minutes de calme par soir, éventuellement avec de la musique agréable, mais sans écran animé, suffisent en général pour offrir à la conscience la parenthèse nécessaire au traitement des informations et expériences vécues quotidiennement. Aucune lecture durant ces vingt minutes, juste soi-même, en regardant un point fixe, l'horizon ou un tableau/photo qui détend, ou simplement dans un clair obscur rassurant avec une bougie. Entamer une nuit de sommeil en ayant permis à sa conscience de prendre un rythme plus serein ouvre non seulement la porte à un sommeil réparateur, mais aussi aux bonnes décisions qui surgissent le matin. S'il est admis que nous restons maîtres de nos pensées, donc des émotions qui en découlent, nous acceptons la véritable responsabilité qui est la nôtre, puisque toutes les actions que nous effectuons commencent toujours par la pensée. Prendre soin de son esprit, de sa conscience est aussi important, voire plus important, que de prendre soin de son corps; l'esprit est le berceau de tout ce que nous faisons, c'est le plus précieux cadeau de la Création, il a besoin d'une certaine hygiène pour fonctionner au mieux, et les temps modernes l'inondent d'informations souvent sans réel intérêt.

Je reste curieux et optimiste quant au destin que se forge cette fameuse génération Z, car elle porte aussi plus de communication et de collaboration que la génération précédente.  C'est également la première native de la physique quantique qui commence à prouver la mesure énergétique de la pensée humaine, ouvrant ainsi la voie à l'exploration d'outils technologiques (la méditation en fait partie) pour mieux prendre soin de sa conscience. L'horizon montre de nouvelles lumières qu'il nous faut explorer, j'ai bien l'impression que nous n'en sommes qu'au début!
Ce qui m'inquiète un peu en observant cette génération divertissement, c'est la capacité qu'elle a à se distraire en continu et à peut-être tomber dans des pièges ridicules de désinformation ou de manipulation. Les grands communicants, pas toujours bienveillants, le savent bien: garder les gens distraits permet de mieux les manipuler. En répandant la peur on garde le contrôle. Lorsqu'on recherche uniquement le profit, toutes les stratégies sont valables, et la sur-distraction en fait partie; si l'humanité prend conscience de la puissance de son esprit alors comment la manipuler? A bon entendeur...

Orlandres

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