Il n’est pas difficile de parcourir l’histoire de l’humanité pour se rendre rapidement compte des erreurs qui ont permis d’en arriver où nous en sommes aujourd’hui. Il n’est pas ici question de développer en détails les différents points, il faudrait dans ce cas prévoir une véritable encyclopédie si on souhaite le faire sérieusement. Non, il est juste question de constat, de partir d’une étape, celle que nous ont laissée les générations passées. Alors regardons où nous en sommes.

Commençons ce constat par ce que j’appellerais l’absurdité la plus importante de toute l’histoire: l’argent, ou la valeur monétaire. Sous couvert d’avoir fait évoluer le troc, l’humain invente le certificat de valeur, respectivement les pièces d’or puis le papier. Aujourd’hui l’argent est devenu tellement virtuel qu’il n’est plus que chiffres sur des écrans. En créant l’argent, l’humain a créé la richesse et la pauvreté. Tout a progressivement pris une valeur, à tel point qu’aujourd’hui c’est le temps des humains eux mêmes qui a une valeur monétaire.

En ayant inventé l’argent, l’homme a crée un nouvel objectif, la poursuite du profit. C’est ainsi qu’au cours de l’histoire ceux qui avaient la connaissance s’arrangèrent toujours pour laisser la masse dans l’ignorance dans le simple but de les faire passer à a caisse sans qu’ils se posent trop de questions, sans qu’ils aient le minimum de connaissances leur permettant de comprendre l’injustice des impôts et de toutes sortes de ponctions. C’est le début du chantier du grand fossé qui sépare aujourd’hui les pays développés des autres moins développés qui ne font qu’augmenter leur dette vis à vis des plus riches.

Alors l’humanité crée l’aberration suprême: tout être humain qui naît sur cette planète doit payer pour vivre. Existe-t-il une quelconque espèce vivante à part l’homme qui doive « payer » parce qu’elle est née sur cette planète? A ma connaissance aucune, exception faite peut-être des animaux de laboratoire ou de cirque, bref des animaux au service des hommes qui paient souvent de leur vie leur proximité involontaire. Les humains naissent donc endettés et s’acharnent durant toute leur existence à résorber leur dette en vendant leur temps à qui saura en tirer profit. Le système est simple, aux yeux des capitalistes qui s’enrichissent il se justifie par le libéralisme, la liberté d’entreprendre, pour les autres il ne s’agit que d’exploitation du pauvre par le riche. Le constat qu’on peut tirer est qu’avec un tel système les pauvres resteront pauvres pendant que les riches s’enrichissent encore plus. Pas besoin d’être économiste ou extrêmement érudit pour comprendre que pour qu’un tel fonctionnement profite au plus grand nombre il faudrait être en constante croissance, plus d’humains, plus de richesses. Mais voilà la planète nous montre ses limites et nous dicte clairement qu’un tel système est voué à l’échec, car la croissance perpétuelle va de pair avec la surpopulation, et la surpopulation va de pair avec la surconsommation des ressources et la destruction de l’environnement qui en découle. Une sorte de cancer de la planète...

Au fil des siècles l’humain a progressé dans le seul but d’améliorer ses conditions d’existence dans sa courte vie terrestre. De ce fait les aspects liés à la vie spirituelle qui n’étaient pas rentables ont été occultés, transformés, mis au ban, dévalorisés et souvent exploités. En faisant ainsi la conscience collective de l’humanité a adopté des nouvelles normes. La forme de vie prônée par le monde moderne, et reconnue comme norme, se base sur des siècles d’évolution ayant pris pour base la suprématie de l’argent. De ce fait le profit devient un dieu qu’on vénère, auquel on se soumet pour le bien qu’il nous apporte. Il est tellement présent que la richesse représente le miracle souhaité par la majorité. Cette norme est transmise de générations en générations, se généralisant au fil de l’histoire à l’ensemble de l’humanité. Elle constitue un des principaux éléments de la conscience collective au sein de laquelle nous naissons, il nous est très difficile de la remettre en question.

Paradoxe de ce constat, l’instinct de survie qui nous habite est le facteur dominant dans notre acceptation de la norme. Ce même instinct qui nous donne des forces impressionnantes face à la mort constitue le moteur premier dans la destruction massive de notre environnement en nous entraînant progressivement vers notre propre extinction. S’il nous était donné à tous de pouvoir vivre libres avec les besoins matériels de base offerts de fait, nous ne serions sans doute pas poussés à déborder de biens pour assurer nos propres descendants au détriment de nos propres voisins. Quelle singulière situation.

L’être humain n’est pas à blâmer, il fait ce qu’il peut. Et on ne blâme pas une espèce qui construit sa propre destruction, on essaie plutôt de l’aider à sortir de ses erreurs. Le pouvoir du profit a pris le dessus sur le pouvoir de la vie. Le profit n’a d’existence que dans les yeux du vivant qui le reconnaît, le profit se fiche d’exister, il se fiche de a vie qui ne le sert pas. Le profit prend le pouvoir sur les êtres et en décide les destins, il gangrène chaque foyer de manière individuelle, dicte ses règles, et isole les humains en les enfermant dans sa servitude. Les conséquences sur le reste de l’existence sont occultées du moment que le profit frappe à la porte.

Ce n’est pas l’humain, mais la cupidité dont il raffole sans fatigue qu’il faut combattre. D’autres espèces organisées en sociétés comme les fourmis ou les termites arrivent à traverser des dizaines de milliers d’années sans avoir recours à la notion de paiement et leur environnement n’en souffre jamais. C’est comme si elles avaient compris de fait l’équilibre de toute chose et qu’elles connaissaient leur place et leurs limites. Il ne s’agit pas ici de nous comparer aux fourmis, mais nous vivons sur la même planète et nous avons des leçons à prendre d’elles. La première leçon consisterait simplement à trouver notre place et nos limites afin d’assurer notre pérennité, c’est tout le propos lié à l’éveil de conscience dont l’homme a désormais besoin pour continuer d’exister.

Ne sommes-nous pas arrivés à un stade d’évolution où nous pouvons enfin mettre en question les fondements de notre société dont nous savons tous au fond de notre être qu’ils sont néfastes pour l’avenir? Le temps n’est-il pas venu de modifier la conscience collective pour le bien de nos enfants? Devons-nous attendre l’aide venue d’ailleurs pour entamer le nécessaire ou arriverons-nous à prendre un virage salutaire en ne comptant que sur nous-mêmes? Il n’y aura certainement pas de changement rapide, toute personne en quête de société nouvelle n’apportera qu’un grain de sable à l’édifice, mais sans ce grain de sable pas d’autre grain de sable et ainsi de suite, l’éveil de conscience est l’affaire de chacun pour le vrai bénéfice de tous.

Orlandres

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